Histoire

Le vent soufflait très fort cette nuit-là. Tu t'étais retrouvée dans les bras d'un inconnu, ne voyant ni ton père ni ta mère autour de toi. Tu commençais à paniquer, les larmes puis les pleurs se faisaient entendre. Mais il n'en avait que faire, c'est son regard que tu voyais en boucle dans tes cauchemars. Un regard froid, comme quand ta mère n'était pas contente parce que tu lui avais vomis tout ton repas au visage. Tu ne pouvais rien faire d'autre que pleurer encore et encore alors que cet homme, lui, semblait avoir une idée qui lui arrachait plusieurs sourires. La dernière chose dont tu te souviens est qu'il t'avait déposé dans un endroit confortable avant de s'éloigner quelques minutes, mais tu t'étais endormie après avoir eu un biberon de lait, paisible, dans la chaleur d'un coussin moelleux.

A ton réveil, tu sentais que quelque chose avait changé, ton corps semblait plus lourd et tu avais du mal à bouger. Ce qui était le plus impressionnant était que tu avais un champ de vision plus grand, tu voyais tout nettement, tu avais les yeux qui brillaient alors que tu essayais de te tourner sur le côté avant de tomber par terre la tête la première. Tu te mis à pleurer, fort, voyant une main se poser sur le sol à coté de toi, puis un rire. Lorsque la personne t'aide à te relever, tu reconnais le regard du même homme … Et tu étais aussi vachement haute baissant la tête tu te rends compte que tu es plus grande et tu avais beaucoup de mal à tenir sur ces jambes fraichement acquises. L'homme t'aidait à marcher, te présentant à d'autres. Ces petits moments heureux d'apprentissage et de conseils de sa part continuaient pendant encore trois bons mois, puis la réalité le rattrape. Alors que tu attendais patiemment dans l'espèce de laboratoire, qui était devenu ta maison, tu pouvais l'entendre se disputer avec cette dame dont il disait qu'il était amoureux, mais qu'il ne t'avait jamais présenté. Tu avais compris en écoutant aux portes qu'il avait un fils, tu ne savais pas ce que c'était, mais ça semblait important, trop important pour que tu restes dans sa vie.

Alors, tu avais pris le peu d'affaires qu'il t'avait acheté et tu étais partie. Tu ne savais pas où aller, mais tu savais marcher et tu connaissais quelques mots. Tu avais réussis à avoir la sympathie de quelques habitants, d'autres te regardaient beaucoup plus bizarrement. Passant d'auberges en auberges gratuitement, restant pendant des heures dans des bibliothèques pour apprendre plus de chose sur les choses qui composaient ce monde, tu étais tombé sur la rencontre qui allait changer ta vie … Deux femmes, dont tu t'étais un peu méfier au début qui, finalement, semblaient simplement t'aider, si bien que tu t'étais mise à les surnommés « Marraines » comme les bonnes fées dans les comtes, car c'était ce qu'elles étaient à tes yeux. Tu leur avais raconté à peu près tout ce que tu savais sur ton passé, sur toi, sur tes … parents « biologiques » ? Tu savais que ton père d'adoption t'appelait par le prénom que t'avaient donné tes parents biologiques, tu savais aussi que ta mère était une déesse, mais sans plus et de fils an aiguilles, elles avaient réussi à trouver ceux qui t'avaient mis au monde.

Attendant alors patiemment devant les portes de la demeure qui semblait être celle de tes parents biologiques, le papier contenant l’adresse en main, tu trembles. Les portes s’ouvrent, ton cœur s’emballe, tu n’avais jamais encore connu une telle sensation, tu avais des larmes qui commençaient à perlés le long de tes joues … Est-ce qu’ils allaient encore vouloir de toi, penses-tu, alors que tu hésitais à faire ces quelques pas en plus.